Cela faisait deux jours que l'explosion sur le spatioport d'Ysera avait eu lieu. Dans l'après midi suivant, une annonce avait été passée sur tous les écrans, un groupe appelé FREEDOM venait tout juste de revendiquer cet attentat. Sur le Prométhéus l’effervescence était à son comble, Mike avait lancé des recherches pour retrouver les membres du Syndicat coincés sur Ysera ainsi que pour trouver qui était les personnes sous le nom de 'FREEDOM'. Mike mettait tout en œuvre pour rétablir le contact . Ysera avait bloqué tous les moyens de communication, aucun signal ne passait, même sur les radios, les ondes avaient étaient coupées pour qu'aucunes informations n'arrivent, ni ne partent. Chaque tentative de connexion était un échec fulgurant. Personne n'avait dormit depuis l'explosion et les visages étaient fatigués, inquiets, tordu dans des grimaces et des soupirs désespérés.

Une sonnerie retenti dans l'enceinte du vaisseau spatiale. Chacun se lève et se dirige dans la cantina, là ou toute l'équipe qui travaille sur le Prométhéus peut s'entasser. Mike monte sur une des tables et regarde les membres de l'Arthius. Des centaines de personnes qu'il doit rassurer, calmer, afin de tirer le meilleur d'eux. Il toussote pour attirer leurs attentions mais rien ne fait taire les chuchotements. Mike n'est pas doué à ça, il est doué pour se bagarrer, pour mener une équipe dans une mission risquée, ou encore pour interroger quelqu'un. Mais il n'a jamais était doué pour parler, pour rassurer. C'était le boulot de Théo, et Théo n'était pas là. Il était bloqué sur Ysera avec la petite Throd. Et si ils étaient morts tous les deux ? Non. Il ne devait pas penser à ça, sinon il n'allait vraiment pas pouvoir rassurer ses troupes.

« - Bon écoutez ! Je sais que la situation est critique, je sais que ça semble désespéré, mais n'oubliez pas que des membres de notre équipe sont bloqués là bas. Dont notre commandant. Est ce que quelqu'un a put rejoindre les ondes d'Ysera afin de le contacter ? »

Tout le monde se regarde en silence. Personne n'a trouvé de solution miracle.

« -D'accord... Il ne faut pas baisser les bras, on va y arriver. Est ce que quelqu'un à trouvé un moyen d'aller sur Ysera ? En téléportation, avec une combinaison, quoi que ce soit ? » Demanda Mike en tournant sur lui même pour voir chaque personne qu'il  l'entoure.

Une petite main se lève et il regarde la personne en l'incitant à parler.

« - Il y a bien un système de téléportation mais... C'est à dire qu'il est très vieux et on ne sait pas en combien de morceaux vous pourriez arriver.... »
« - C'est déjà ça ! On se concentre la dessus ! Que tous le département ingénieur se mette à chercher de ce côté, quand aux autres, bon travail, continuez comme ça. Pour ne pas être trop fatigués, faites des relais de 5h, je vous laisse vous organiser, si il y a quoi que ce soit de nouveau, je veux en être le premier informé, si vous avez des nouvelles de Carden, je veux être le premier à le savoir aussi, est ce que c'est compris ? Allez au boulot ! »

L'hysmer sauta sur le sol et se dirigea vers le département des ingénieurs. Si le contact n'arrive pas à se faire, il doit descendre. Theodor est certainement à une des planques. Ce sera facile de le retrouver. Mais pour l'instant, il faut trouver un moyen de téléporter le lieutenant sans le faire mourir, et ce n'est pas gagné.

Toutes les liaisons sont coupées depuis l’attentat, aucun moyen de rejoindre le Prometheus depuis lors et ça…ce n’était vraiment pas bon pour Carden et sa petite protégée. Jusque là, leur planque était encore sauve mais pour combien de temps encore ? Être considéré hors-la-loi et vivre au même endroit trop longtemps, c’était pas franchement ce qu’il y avait de bon pour leur liberté voir leur survie. Cependant, cela ne semblait pas franchement effrayer le commandant plus que ça.

Vieux briscard dans ce genre de situation critique, il n’en serait pas à son premier coup d’essai. Sauf que cette fois, il n’était pas seul. Anna était avec lui, à la base pour une simple mission où ses talents de linguiste étaient demandés. Mais voilà qu’elle doit aussi se cacher, comme un fugitive, dans un appartement miteux d’un des Secteur Résidentiel les plus miteux. C’est dire ! Si quelque chose venait à arriver à cette fille, Carden ne se le pardonnerait pas et Thorven non plus d’ailleurs.

Toutes les planques étaient forcément connues des membres de l’Arthius, il suffirait finalement de piocher dans l’une d’elle pour les trouver. Seulement, si les liaisons avec le sol étaient opérationnelles, ce serait une perte de temps mais tout aussi possible. Mais là… Le Commandant avait beau tenter de faire fonctionner la vieille station radio hertzienne dont ils disposaient mais il n’obtenait qu’un bruit blanc. Rien de plus. De quoi alimenter la frustration, l’inquiétude, puis la colère au fil des jours.

L’Holonet dispensait alors les nouvelles de l’enquête concernant FREEDOM, le fait que les responsables de cette catastrophes soient introuvables. Encore faut-il qu’ils soient sur Ysera ? et si ils étaient à l’autre bout de la Fédération ? si c’est des indépendantistes ? Autant chercher une aiguille dans une botte de fois, une sacrée botte de foin même. Mais pendant ce temps, voilà les deux fuyards coincés dans un appartement, à ne pouvoir sortir que la nuit tombée pour au moins chercher de quoi manger. C’était l’Hysmer qui s’y collait, histoire de ne pas attirer l’attention. Pour ça, Anna est championne. Autant éviter les risques.

D’ailleurs, il sortait à l’instant, capuche sur la tête, rasant presque les murs quand une lumière bleutée attire son attention. L’air qui vibrait dans un bourdonnement sourd.

- Qu’est-ce que…

Un flash et un Mike apparaît. Theo cligne des yeux, recule d’un pas sous le souffle, éberlué.

- C’est pas vrai…

Les heures qui passaient semblait être des jours. Tous les 15 minutes Mike demande si il y a du nouveau. Il n'en peut plus d'attendre, ce n'est pas pour lui d'être sur le banc des remplaçant à regarder les gens aller et venir sans pouvoir agir. La boite de téléportation fit soudain un énorme bruit et une fumée grise sortit d'un des ordinateurs. Mike se précipita avec un extincteurs pour éteindre le début du feu et passa une main sur son visage après, regardant les ingénieurs qui s'activaient pour faire marcher cette machine de malheur.

L'hysmer se rassoit et pose ses coudes sur ses cuisses, attendant les instructions du chef ingénieurs. Il ne sait même pas si il sortira de là vivant. Mais il faut bien que quelqu'un se sacrifie, et puis Mike est clairement moins important que Carden, ou bien que Anna, tout ce qu'il sait faire c'est accepter des contrats et empoché la monnaie après. A cette pensée il soupira, ce n'était pas le moment de penser à ça. D'un mouvement brusque Tackeray prend une tablette posée à coté de lui et regarde les fiches des personnes disparues appartenant au Syndicat. Bien trop de monde sur cette liste à son goût.

Il pianote un moment pour trouer une carte d'un quartier résidentiel d'Ysera, si il y avait bien une planque que Carden se soit caché avec Anna c'était dans un quartier calme. Tackeray entour d'un cercle rouge la planque qu'il pensait être le meilleur choix puis indiqua une allée cachée aux ingénieurs.

« - Je veux atterrir là. Dit il en montrant du doigt la position exacte.
-C'est à dire que... On ne sait pas si cette machine est aussi précise que ça Lieutenant... On peut essayer mais... »

Tackerau regarde l'ingénieur qui se tait immédiatement.

« -On va faire de notre mieux Lieutenant. Reprend l'ingénieur en se penchant sur son ordinateur.
-Exactement ce que je voulais entendre. Répond Mike en lui donnant une tape dans le dos. »

Quelques minutes plus tard une petite loupiote verte s'allume sur le haut de la machine. Signal que Mike peut rentrer dedans. Les ingénieurs lui donne un boitier pour pouvoir le remonter avec Carden et Anna. Leurs explications passent au dessus de la tête du Lieutenant. Il sent un mélange d'adrénaline et de peur monter en lui. Soudainement quelque chose fait trembler sont corps et il se sent démembrer, chaque parties de son corps lui fait mal et il étouffe un hurlement dans ses dents. Puis brusquement il atterrit sur un sol dur. Il ne sait pas ou il est, mais il y est. Il jette rapidemen un coup d'oeil à ses bras, ses jambes, et il passe une main sur son visage. Deux yeux, deux oreilles, un nez, une bouche. Il est arrivé vivant. Mike relève la tête et sourit.

« -Putain de merde.  Théo se tient devant lui. Bon tu vas pas aimer ça mais j'ai remis le système de téléportation en route. Nous n'avons pas pu rétablir le contact, ni avec les Jokers, ni avec les Seekers»

Mike regarde autour d'eux, personne, bien. Mais ou est passée Anna. ?

« -Theo ? Elle est ou Anna ? »

A travers le halo bleuté chargé d’énergie, Theo peut distinguer une silhouette reconnaissable entre mille et surtout cette voix. Quand l'intrus en émerge, Carden pourrait presque avoir un arrêt. Qu'est-ce que cette tête à claque avait encore pu trafiquer pour arriver ici. Puis le Commandant se souvient alors de l'ancien système de téléportation, obsolète depuis un sacré bout de temps. Mike se met à parler, et parler, encore et encore jusqu'à ce que le Commandant lève le doigt en l'air.

- Chut !

Lui dit il et quand Carden fait ça, souvent on ne moufte pas plus. Le silence revient alors dans la ruelle. Qui sait ce qui peut se voir ou s'entendre dans un tel climat de tenson qui règne sur la lune-capitale. D'ordinaire déjà méfiant, là c'est encore pire. Theo espère secrètement que la téléportation de son lieutenant n'a pas éveillé les soupçons du voisinage ou alors des différents organismes de surveillance de la Fédération. Un tel pic d'énergie ça ne passe pas inaperçu comme ça. Autant croire que les autorités sont occupés ailleurs. Le Commandant écoutait alors le silence puis reporte son attention sur le blondinet, la mine sombre et l'attrape par le col comme pour le secouer comme un prunier.

- Tackeray, ne me dit pas que tu as remis en service le vieux téléporteur. Ne me dit pas que tu as fais ça ?

Siffle t'il entre ses dents. Il n'y avait pas de violence, juste tout de même, un soupçon de colère et d’inquiétude. Si l'appareil à été déclassé c'est pour une bonne raison. Puis finalement, Theo lâche le col de l'uniforme de son lieutenant.

- Bien sur que tu l'a fais. Pourquoi je pose la question. Tu sais que t'as failli te faire vaporiser comme le vieux Makarov ?

Il soupire presque dépité mais finalement, bien content de voir un visage ami autre que celui d'Anna bien sûr. Theo enfonce les mains dans les poches de sa veste et invite Mike à le suivre pour rentrer vers la planque.

- Suis-moi, tu peux pas te balader avec ton uniforme comme ça. Ne fait pas de bruit, Anna dort.

Puis le colosse hysmer disparaît dans ce vieux bâtiment qui ferait presque tâche à travers toute cette modernité. Des escaliers en bois qui grince sinistrement sous son poids alors qu'ils rejoignent tous les deux, le dernier étage. La planque l'occupe alors dans son intégralité avec le confort qu'il se doit. Carden faisait bien attention de faire le moins de bruit possible pour se diriger vers ses propres quartiers afin de laisser la Throd en paix. Sous une vieille table en formica se trouvait une caisse est quelques bouteilles d'alcool auquel il ne touche jamais. Sur les étagères, des provisions un peu plus classiques qu'il désigne.

- Manges et hydrates-toi, tu vas bientôt avoir le contrecoup. Pourquoi t'as fais tout ça ?

En entendant le 'Chut' de Theodor, Mike sait qu'il ne doit plus piper un seul mot. Quand le commandant parle d'un certain ton, Mike sait qu'il doit se taire. En fait, pour plaire à Carden, il devrait tout le temps se taire, mais c'est clairement impossible pour lui d'être silencieux. Un peu comme Anna. C'était peut être pour cela qu'il s'entendait bien avec elle... A réfléchir... Mais à pein eut-il commencer à penser à ça qu'il se sent secouer comme si Theodor voulait lui défaire les cervicales. Un jour, à force de faire d'être secoué par Theodor pour un oui ou non, le lieutenant va finir en fauteuil roulant. Mais ça il préfère ne pas le dire à son commandant quand ce dernier est si proche de son magnifique petit minois.

Une fois libéré, les deux compères marchent en silence jusque la planque. Ce bâtiment, Mike en a horreur. C'est le genre de bâtiment bien glauque ou tout peut se produire à tout moment. Alors oui, c'est une bonne planque, ce n'est pas le genre de building tape à l'oeil et ostentatoire que l'on construit de nos jours. Mais tout de même. En entrant dans l'appartement une odeur d'humidité frappe l'Hysmer et il grimace en s'asseyant sur une des chaises pour grignoter ce que Theo lui présente.

« - Alors premièrement, sache que je suis très heureux de vous savoir en vie. Si si. Même qu'on s’inquiétait là haut. »

Un petit rire s'échappe de sa bouche, rire bientôt ravaler en voyant la tête de Carden. Mike lève les yeux au ciel, l'humour n'est vraiment pas un fort de son supérieur hiérarchique. Le lieutenant avale en deux bouchées les restes de raviolis froides en conserves avant d'en commencer une autre.

« - Pourquoi j'ai fait tout ça ? Il relève les yeux de sa nouvelle conserve vers Theo. Tu te fous de moi ? On a besoin de toi en haut, un vaisseau sans son Commandant je te rappelle que ça coule, tu le sais très bien. Et tu peux pas être sur le terrain tout seul avec Anna. Elle est hyper intelligente mais regarde les choses en face, elle ne sait pas se battre décemment. »

Sa tirade finit Mike pose son dos contre le dossier de la chaise et soupire. Mais à peine fait il se redresse violemment. Une douleur fulgurante le frappe à l'estomac. Tout son système fond, du moins c'est ce qu'il ressent.

« -Plus jamais je ne prends ce maudit téléporteur. »

Crache t-il en s’effondrant sur le sol. Après quelques minutes de souffrance ultime étouffé pour ne pas attirer l'attention des voisins et ne pas réveiller Anna, Mike se redresse.

« -Il faut absolument qu'on désactive cette machine... »

Souffle t-il en reposant son derrière sur la chaise.

Theo n’a pas de mal à le croire quand il dit qu’ils s’inquiétaient là-haut et lui aussi d’ailleurs, s’inquiétait de ce qui pouvait bien se passer sur le Promethéus en son absence. Pas qu’il considére Mike  incapable de le seconder loin de là (sinon, il ne l’aurait pas choisi) mais c’est plutôt la perspective de ne pas avoir un œil sur Jane Crimson ou alors, sur les agissements des Autorités qui le mettent de travers. Pour ces deux aspects, la confiance de Carden est clairement limitée. La chef des Jokers et la Fédération sont aussi versatiles l’une que l’autre. Se retrouver coincé ici, sans une vision globale de ce qui les entoure, ça lui rongeait les sangs. Le colosse s’était laissé choir dans un siège dépareillé et vieillot qui supportait son poids par on ne sait quel miracle.

- Le vaisseau n’est pas sans dirigeant, il y a son premier lieutenant et son boulot, c’est justement de ne pas le faire couler. Qu’est-ce qu’il se passe là-haut. Des nouvelles des autres du syndicat ? Crimson ?

Les bras croisés et la mine sombre, Tackeray est finalement, le seul moyen pour lui d’avoir des informations sur ses alliés et à la fois, ses concurrents.  Alors Carden l’écoute et semblerait presque distinguer un peu de panique dans la voix du Lieutenant qui s’empiffrait de boite de conserve qu’il n’avait même pas faire chauffer au préalable. Quand il voit ça, le commandant n’est même pas étonnée de le savoir célibataire celui-là. Cependant, il n’a pas tord quant aux prédispositions martiales de la petite Thord qui dormait à côté. De quoi assombrir un peu plus le brun.

- Anna n’est pas faite pour se battre, c’est pour ça qu’elle ne sort pas. Mais cette situation ne va pas pouvoir s’éterniser trop longtemps. Il faut trouver le moyen de créer une passerelle entre la surface et l’orbite pour au moins l’évacuer et qu’elle rejoigne Thorven. Je ne peux être coincé ici et devoir faire attention à elle, c’est courir à notre perte à tous les deux.

Theo a à peine finit sa tirade que son lieutenant se plie en deux de douleurs. Le ré-agencement moléculaire fait des siennes et Mike allait avoir le mal des transports pendant encore quelques temps.  Carden cherche alors dans le carton, la première bouteille d’alcool qui passe, tire sur le bouchon avec les dents avant de le recracher puis le lui fait boire une grosse lampée. De l’hydromel Taurien qui a maceré depuis un sacré moment, le truc est presque aussi sucré que du miel mais le degré d’alcool explose le plafond. De quoi faire passer la douleur trop aigüe.

- Ca je te l’avais bien dis et foutez moi ça en l’air.

Il l’aide à se redresser sur sa chaise.

- Marie est ici aussi. Elle a été coincée avant de pouvoir remonter sur le Prometheus.

Annonce Carden.